Les textes que j’écris sont au coeur de mon travail performatif qui mêle texte, sculpture (Soi.e sauvage)
et parfois musique (Molly, En présence).
L’écriture jouxte la sculpture, les personnages de terre inspirent ceux de l’encre et inversement.
Au plateau les textes sont remaniés, coupés, réordonnés pour trouver leur place au sein d’un dispositif pluridisciplinaire.
Le rapport à son propre corps, le rapport à soi et à autrui, la fragile frontière entre réel et irréel sont les thèmes récurrents qui parcourent mes textes.
Par ailleurs, forte d’une longue expérience, j’anime des ateliers d’écriture
vous trouverez ci-dessous
L’humidité jacasse dans l’air quelque chose qu’on n’arrive pas à distinguer
Le jaune le dispute au brun. C’est une ligne.
Elle t’interdit de te rassasier aux grains noirs et sucrés de sa peau.
Son souvenir te griffe, tu délaisses les épines et suit le méandre vert.
Le calme n’y revient pas,
tu aurais cru qu’il pourrait ricocher.
Dans l’onde les algues crues te font de l’oeil, chevelure décomposée d’une Ophélie gigantesque.
Griffure encore.
Les soupirs d’aise se sont finis trop tôt.
Ses bras ébène balancent sur sa voix.
C’était tellement bon.
Tu ne plieras pas les genoux.
La pierre réfractaire te rend sa chaleur.
Tout n’est pas mort, pas encore.
Le cadenas, fruit trop mûr sur sa chaine, te nargue.
Tu le portes à ta bouche. Tout s’ouvre. Tu franchis la ligne.
Derrière le gardien fenec, les corolles striées surplombent la délicatesse.
Tu admires la méticulosité de l’ouvrage.
Il faudrait s’y étendre puis
reprendre son vol
saccadé
maladroit
léger.
lon : 6.1734° / lat : 48.7186°
17 juillet 2025.

Porté à la scène par la Cie Mélocotòn
Création février 2025
(…)
Je n’attendais rien.
C’est peut-être pour ça.
Qu’elle est arrivée à ce moment- là.
Molly.
Elle ne pesait presque rien dans mes bras.
Une plume dans la noirceur autour.
Avant même que je ne croise son regard, je savais déjà que nos corps resteraient assoiffés l’un de l’autre. C’est comme ça avec Molly.
Nos corps attirés tellement fort que même chacun à un bout du fleuve, on aurait fini par se tomber dans les bras.
Molly a les yeux qui brillent quand je dis ça.
Les yeux de Molly c’est quelque chose, ils n’ont pas peur de regarder les gens bien au fond, son regard vous retourne l’âme comme on enlève la peau d’un lapin.
Elle se tient là, avec ses yeux grands ouverts, et elle aussi vous laisse regarder au-dedans d’elle, sans peur, sans pudeur.
Elle est comme ça Molly, elle ne sait pas dissimuler.
(…)
Ça enfle.
Ça se profile sous la peau.
Plusieurs fois par jour je tapote.
Je pianote, je joue quelques notes sur cet endroit de moi.
Ça rebondit. Les os s’éloignent.
Mes doigts sont à moi. Cet endroit de peau est à moi.
Donc ce qui se passe en dessous doit l’être aussi.
Pourtant je n’ai pas le temps de m’habituer.
Ça bouge trop, tout le temps. C’est vivant.
Tectonique des plaques sous mon thorax.
Je tire sur le tissu pour voir se dessiner les deux volumes renflements dômes – je n’ai pas encore trouvé comment les nommer – aucun mot ne me convient.
Puis je relâche pour les faire disparaître.
Je dégage mes épaules en arrière puis je les enroule.
Si je veux, je peux faire comme s’il n’y avait rien.
Je redoute le jour où les mots des autres vont venir déchirer mon t-shirt.
Qu’on me laisse du temps.
Que les anciennes cellules se tissent aux nouvelles, que ces nouvelles deviennent les miennes.
D’ailleurs, c’est quoi ce qui m’arrive, c’est quoi ce phénomène ?
c’est de la nouvelle matière qui s’amène ou c’est celle qui était déjà là qui lève comme un gâteau ?
Je tapote
Je pianote
Mes deux collines.
Oui. Je veux bien avoir des petites collines. Des collines de Bourgogne, douces, arrondies, celles qui se superposent les unes derrière les autres, à perte de vue.
Ce n’est pas difficile d’arriver au sommet, il faut suivre les ronds bleus sur le chemin qui serpente et le sol est clément pour les jambes.
Sur mes/les collines de Bourgogne il y a beaucoup beaucoup d’herbe pour effacer le dur de la terre, et des fleurs en pagaille forcément, des fleurs et des cailloux que j’empile pour construire des cairns à moitié fragiles.
sur un côté j’y suis entourée de moutons qui pâturent, ils éparpillent derrière eux une vapeur de laine dont je remplis mes poches et leurs milliers de crottes donnent au vent une légère odeur de piquant que j’aspire goulûment.
Tout en haut de ma colline , on peut lire, pique-niquer, se laisser glisser dans la pente en faisant des roulés-boulés et crier ; et quand on s’assoit, le nez au vent, les fesses posées dans l’herbe drue, on peut regarder au loin et ne rien dire.
Et même, on peut s’allonger dessus.

textes enregistrés, extraits (2023)
Textes, prise de sons : G. Milanese
Mixage : Mael Nesti

Passionnée par ce qui a trait au langage et à la littérature,
convaincue du potentiel de créativité de chacune et chacune,
j’anime des ateliers d’écriture depuis plus de 10 ans dans des contextes variés.
Forte de cette expérience, je propose :
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